JOUR 22 : Dimanche 28 mai 2023 : Ascension du Volcan Sairecabur
Réveil encore plus matinal : 4h20. Christian passe nous chercher comme prévu à 5h30 pour 2h de route en 4x4 jusqu’au pied de l’ascension par la voie sud du Volcan Sairecabur. La piste s'élève, doucement mais surement, vers des altitudes qui en Europe ne voient pas passer de véhicule. Être guide de haute montagne au Chili, c'est aussi bien être chauffeur de 4x4 sur des pistes sableuses très délicates, mécano, l'homme à tout faire du désert et de la haute montagne, qui doit mener ses clients jusqu'en haut, si ce dernier en a la force et la volonté. Nous marquons une pause sur la piste vers 7h15 pour prendre un maté de coca et quelques biscuits face au lever du soleil. Nous sommes déjà à 4 000 m d’altitude, la température nous réveille rapidement sous cette nuit étoilée. Nous montons jusqu’au terminus de cette piste chaotique vers 5 400 m. Le soleil est encore caché derrière la montagne, et une légère bise descente se fait bien sentir. Une petite couche de neige est tombée la veille, nous sommes rapidement frigorifiés. L’ascension commence temporairement à plat avant d’attaquer une première pente verglacée jusqu’à un petit col marquant la frontière entre le Chili et la Bolivie. Le soleil nous gagne enfin et réchauffe doucement nos pieds et mains gelés. Les sommets alentour sont désormais baignés de lumière et le ciel révèle une parfaite pureté. Nous attaquons une seconde pente raide et chaotique, évoluons au maximum sur la neige mais les énormes blocs et plaques de glace ne sont pas loin. Nous hésitons à sortir les crampons, mais nous poursuivons ainsi. Les deux seuls autres prétendants du jour auront eu fait le choix inverse. Le souffle devient rapidement court avec le peu d’acclimation possible sur ce sommet débutant déjà haut en altitude. Nous arrivons à un premier replat où la vue devient rapidement saisissante à cheval entre Bolivie et Chili, et même l’Argentine au loin. Une courte descente qui fait mal aux pattes puis nous arrivons sur les 100 derniers mètres horribles au milieu de blocs rocheux énormes, instables et glissants, sans chemin ni sente et intercalés par de bonnes plaques de glace pour corser le tout. La progression est lente et difficile, la peur de se coincer facilement entre deux rochers est omniprésente. Nous parvenons, non sans difficultés, et sincèrement à bout de force sur ce majestueux sommet de 6 000 m, mon 3ème 6000 face au deuxième réalisé en 2014 : le Volcan Licancabur (5 920 m) et son cône parfait. Le panorama est juste majestueux et s’étend à perte de vue, de cet immense Sud Lipez Bolivien jusqu’au désert d’Atacama en passant par ces nombreux volcans tous plus esthétiques les uns que les autres. Les larmes et l’émotion monte malgré la fatigue. Les touches humaines sont bien rares dans ce décor extrême. Nous ne trainons tout de même pas, car le mal d’altitude se fait déjà ressentir, je ne l’avais jamais aussi mal vécu pour ma part d’ailleurs. Cette descente où la vigilance doit rester omniprésente devient stressante, et ce, amplifié par la fatigue générale et le cerveau qui répond un peu moins. Il nous faudra quasiment 2h pour revenir aux 4x4 avec un mal de tête qui s’avère violent pendant toute la descente en véhicule. Nous sommes de retour sur San Pedro de Atacama vers 16h sous une chaleur bien agréable, vraiment deux salles deux ambiances en l’espace de quelques heures. Nous achetons un peu d’eau, prenons une bonne douche et marquons un repos bien mérité. Le mal d’altitude disparait finalement rapidement, nous allons clôturer cette belle journée dans un sympathique restaurant du centre avec un menu local pour 8 000 pesos (entrée + plat).
"Le corps à une mémoire" entend-on souvent, j'espérais que le mien s'en souvienne par rapport à mes différentes éruptions dans le monde de l'altitude (6 fois au dessus de 5 000 m), donc de bien réagir à la raréfaction de l'oxygène, mais chacun réagit différemment, et ce, malgré l'habitude de boire beaucoup plus d'eau qu'à l'habituel.
L'Altiplano
Un immense haut plateau des Andes centrales aux étonnants paysages d'un autre monde et aux conditions de vie rigoureuses.
Sur fond de volcans, l'Altiplano est un paysage balayé par le vent composé de lacs, d'étendues salifères et de hautes plaines avec peu de végétation, occupant environ 200 000 km2 des Andes centrales. Principalement situé en Bolivie, il s'étend en partie dans le sud jusqu'au Pérou, au Chili et à l'Argentine, et comprend une large zone urbaine: les villes adjacentes boliviennes de La Paz et d'El Alto.
Terre de feu, de glace, de sel et de vent
L' Altiplano, bordé à l'ouest par la cordillère occidentale, un chaine faisant partie des Andes avec quelques gigantesques volcans et larges plaines de sel, comme le Salar de Uyuni (voir notre voyage de 2009), est principalement aride, surtout au sud, où la pluviométrie annuelle n'est cue de 200 mm environ. En raison de la haute altitude, l'oxygène est rare et le climat plutôt rigoureux. La température, pouvant être de 10 à 25 C dans la journée, chute la nuit dans le sud à -20 C Parmi la faune locale, qui s'est adaptée à ces conditions, on trouve la vigogne (parente du lama), la viscache (un rongeur ressemblant à un lapin) et le renard des Andes.
Distance du jour parcourue à pied : 11,6 km.
Dénivelé positif : 400 m
Restaurant du soir : 8 000 pesos (entrée + plat).
Ascension Sairecabur avec Vulcano Expedition : 153€, 140 000 clp.
Hôtel : La Rukka Hostal Boutique (248 € chambre double avec salle de bain et petit déjeuner pour 4 nuits).
> Retrouvez le compte-rendu de cette sortie sur CampToCamp : www.camptocamp.org
> Retrouvez le topo de cette sortie sur Altituderando : www.altituderando.com
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